PEROU : Un pays en crise politique souffre de la violation des droits de l’homme et des conséquences sociales de l’ingouvernabilité.

 

Ana María Galiano G. (FCVPERÚ)/Apr.2023

Le Pérou, l’un des pays qui possède une infinité d’attractions culturelles et une biodiversité impressionnante, ainsi qu’une gastronomie réputée et appréciée dans le monde entier, souffre malheureusement actuellement d’une profonde crise politique et sociale. En raison des changements constants de présidents, certains persécutés par la justice, d’autres actuellement emprisonnés pour les scandales honteux de corruption et d’impunité impliquant des politiciens traditionnels, des membres du congrès, ainsi que des autorités liées au dictateur Alberto Fujimori et à sa fille Keiko qui a été candidate à la présidence à plusieurs reprises. Bien que Keiko n’ait pas obtenu le succès escompté lors des élections présidentielles, elle a obtenu la majorité des sièges au congrès dans le cadre d’alliances avec les partis de droite. Cette situation a été mise à profit par la fille de Fujimori et ses partisans qui, par des manœuvres louches, ont déstabilisé le gouvernement de plusieurs présidents qui étaient en concurrence électorale avec elle. Parmi eux, l’enseignant rural et paysan Pedro Castillo, originaire d’une petite ville très pauvre et oubliée par le pouvoir, sans services sanitaires de base ni possibilités de développement. Castillo, qui a remporté les élections présidentielles de 2021, a surpris à la fois la population et ses adversaires. Avec lui, un espoir prometteur surgit pour les peuples oubliés du Pérou, en particulier pour les indigènes et les paysans qui ont toujours attendu un véritable changement avec de meilleures opportunités de développement social et humain. Espoir éveillé par la campagne électorale de Castillo de reécrire sinon de réformer la Constitution. Pour cette raison, étant paysan et d’origine humble comme eux, ils ont mis leur confiance en Pedro Castillo pour l’élire comme Président. Cependant, cette promesse de changement est une menace pour les hommes d’affaires irresponsables et les politiciens dépourvus d’éthique et de solvabilité morale qui, pendant des années, ont accru leur richesse par des actes de corruption à tous les niveaux du gouvernement qui ont porté atteinte non seulement au bien commun de la nation, mais qui ont causé une méfiance généralisée vis à vis des politiciens aussi bien que des fonctionnaires de l’État.

Une des conséquences de ces manipulations frauduleuses sont les dommages à l’environnement par la pollution des rivières due à l’exploitation minière illégale, l’abattage aveugle des forêts etc. D’un autre côté les autorités ont totalement négligé de résoudre les besoins réels et les plus ressentis de la population: assurer des services de santé pour tous ainsi qu’une éducation de qualité, réduire les taux d’extrême pauvreté qui augmentent en raison de l’impact de la pandémie mondiale, améliorer les conditions de vie et la capacité de production des agriculteurs, réduire les taux croissants de violence contre les femmes et les enfants dans la famille, éradiquer le féminicide, la traite des êtres humains, améliorer les services Internet et la connectivité, améliorer les routes et les itinéraires de transport… Face à cela, Castillo a été un espoir réel pour le peuple oublié et négligé.

Mais ses adversaires ont réussi à déstabiliser son gouvernement avec une infinité d’accusations de corruption sans preuves et plusieurs votes de défiance qui l’ont conduit à dissoudre le congrès. Cette tentative téméraire a été immédiatement condamnée par l’ensemble des responsables politiques, y compris ses alliés. Sa destitution pour « incapacité morale » a été approuvée par 101 des 130 parlementaires. Il a été mis en détention et la vice-présidente Dina Boluarte – du même parti que Castillo! – a été élue présidente pour le reste de la période législative.

Après la chute de Castillo le 7 décembre, il y a eu une explosion sociale immédiate de mécontentement et d’indignation massive, principalement parmi la population rurale ; les paysans, les indigènes, les mères avec leurs bébés sur le dos, les travailleurs, les étudiants, les organisations sociales de différentes régions du pays se sont levés et sont descendus dans les rues des principales villes et ont marché vers Lima, la capitale, à partir de leurs villages ; Les protestations et les marches sociales partent du Sud, de la campagne à la ville, ces manifestations expriment le rejet retentissant du congrès et du nouveau président dont la fonction échappe en tous points au cadre légal, elle n’est pas légitime. Face à ces revendications, le gouvernement de D. Boluarte a réagi avec une violence et une cruauté extrêmes, déclarant l’état d’urgence sur tout le territoire national, suspendant les droits de réunion, la liberté de circulation et d’autres droits civils. Les marches sociales étaient totalement pacifiques, mais elles n’avaient pas de représentants ou d’interlocuteurs visibles parce qu’elles ont été immédiatement persécutées et accusées d’être des terroristes et immédiatement emprisonnées sur la base de fausses accusations K. Fujimori avait infiltré ces marches avec des personnes violentes payées pour provoquer la police et l’armée, manipulant ainsi le sens pacifique des marches sociales et les faisant passer pour violentes ; sournoisement, les partis traditionnels alliés à Boluarte et à la majorité du Congrès ont mis en œuvre des manœuvres antidémocratiques pour faire face aux protestations sociales de la population en général, qui, au fil des jours, se sont radicalisées avec la fermeture totale des voies de transport et le déplacement massif de la population vers la ville de Lima.Cette situation a provoqué la hausse des prix des aliments, des médicaments, du carburant et d’autres produits de première nécessité ; une situation provoquée par le gouvernement de Boluarte lui-même, générant ainsi une spéculation sur les prix par l’accumulation d’aliments et de produits qui divisent la population en général, certains en faveur des manifestations et d’autres contre, révélant ainsi des confrontations entre la population avec un comportement honteux et scandaleux des riches contre les pauvres, exprimant leur mépris pour la condition indigène avec des insultes racistes et une infinité de maltraitances. Dans le cas de la ville de Cusco, les hommes d’affaires dédiés au tourisme, voyant leurs affaires affectées par les manifestations, organisent des marches camouflées pour la paix, montrant des attitudes de supériorité avec des agressions verbales et physiques, démontrant leur mépris et leur haine pour les paysans et les indigènes, exigeant qu’ils retournent dans leurs villages et insistant sur le fait qu’ils n’ont pas le droit de manifester. D’autre part, la population en général soutient les protestations sociales en fournissant des aliments, de l’eau, des médicaments, de l’argent, des vêtements chauds pour que les frères et sœurs paysans puissent se nourrir et passer la nuit sur les places de la ville. Cependant, le gouvernement de Boluarte réagit avec violence et cruauté: les militaires et la police affrontent les protestations en utilisant des armes mortelles avec des tirs directs pour tuer les manifestants, causant mort et blessures à des personnes innocentes qui n’avaient rien à voir avec les protestations violentes, y compris des mineurs. Depuis le début de la crise sociale en décembre jusqu’en mars 2023, environ 70 personnes ont été tuées et plus de 1500 blessées à la suite de la répression du gouvernement actuel.

À tel point qu’une Commission internationale des droits de l’homme est intervenue qui a mis en évidence les exécutions extrajudiciaires, la torture de manifestants, les détentions illégales et un harcèlement récurrent des personnes, des organisations sociales et des familles qui soutiennent les manifestations dans l’espoir d’un meilleur bien-être pour tous. La violation des droits de l’homme est évidente avec l’intervention totalement biaisée et politisée d’un système judiciaire infiltré par la corruption.

Au moment où nous écrivons cet article, il semble que cette protestation sociale ait échoué ; cependant, la ville de Puno continue de lutter, ainsi que la ville de Cusco, les provinces et d’autres régions du Pérou ; le peuple, à l’intérieur, continue de s’organiser pour reprendre la juste revendication du mécontentement général vis à vis d’un congrès et d’un État qui ne le représentent pas:  Ils attendent qu’ils s’en aillent TOUS ! Tant la présidente que les parlementaires. Pour la population en général, la confiance dans les politiciens est perdue, qu’ils soient de gauche ou de droite, les partis politiques sont affaiblis. Reste l’espoir d’une nouvelle Constitution.

 

„Le Puma (le peuple) se repose pour reprendre des forces et rugir à nouveau“, disent certains frères et sœurs paysans.

Dans un même temps, alors que les peuples du Sud se battaient en mars, au Nord du Pérou, dans plusieurs villes et à Lima, un phénomène est apparu comme conséquence du réchauffement climatique: le cyclone Yaku, provoquant des pluies torrentielles avec débordement incontrôlable des rivières qui ont tout emporté sur leur passage. Des milliers de familles ont subi la perte de leurs maisons et de leurs biens, les paysans ont complètement perdu leurs récoltes à cause de cette catastrophe naturelle. Malheureusement, face à cette catastrophe et à la souffrance humaine, le gouvernement, ses autorités et ses députés ne sont pas capables de répondre efficacement aux besoins des populations touchées; leur principal intérêt est de s’accrocher au pouvoir à tout prix, ce qui génère un plus grand mécontentement et des sentiments d’impuissance et d’indignation au sein de la population en général. Alors que dans le Sud, des sécheresses prolongées dues au manque de précipitations ont déjà affecté les cultures, l’impact de ce phénomène climatique laisse présager une période complexe et inquiétante à court terme, liée à une augmentation de la pauvreté et de la sécurité alimentaire. Une période de famine approche sûrement en raison de la faible production alimentaire, c’est ce que prédisent les hommes et les femmes de la campagne.

La démission de Boluarte, la fermeture du Congrès et l’espoir d’une nouvelle Constitution restent dans les esprits.

 

Notre visite des projets en Bolivie

un aperçu personnel sur ce voyage

par Julie Kipgen

En décembre 2021, je suis partie avec Jean-Paul (trésorier et chef de projets) et Marco (président) à Cochabamba en Bolivie. Je vais vous raconter mes impressions plus personnelles, afin que vous puissiez comprendre un peu mieux à quoi ressemble la vie quotidienne à Cochabamba et aux alentours.

Le trajet : 4 vols différents, 25 heures de voyage, 25 heures de port du masque et 6 heures de décalage horaire. L’arrivée est à 7 heures du matin et trop tôt pour entrer dans notre chambre d’hôtel pour dormir un petit peu.

C’est pourquoi une délégation de la Fundación Cristo Vive Bolivia nous accueille à l’aéroport et nous emmène avec leur Pick-up prendre un très bon petit-déjeuner dans leur bureau : melon, toast, confiture, omelette, infusion de coca, café et une sorte de polenta (très) sucrée.

C’est le moment de se refamiliariser avec la langue espagnole, la hauteur (2500 mètres d’altitude) et le climat (été en Amérique du Sud). Je parle de « refamiliariser », car j’ai passé 11 mois à Cochabamba en 2012, dans le cadre du Service Volontaire de Coopération (SNJ).

L’après-midi de notre arrivée, nous avons rendez-vous avec Martine Greischer de la Fundación Kallpa (projet « Trabajo digno ») et Ben Toussaint de l’ONG OGBL qui est de visite pour une mise au point sur la continuation du projet. Ils souhaitent coopérer encore plus avec le gouvernement et les services locaux afin que la sécurité sociale soit une évidence pour chacun. En nous promenant dans les rues pour rentrer à l’hôtel, nous comprenons la motivation et le besoin d’aider de l’équipe du projet « Trabajo digno ».
Veuillez trouver un petit article sur le projet « Trabajo digno » dans l’info 4/2020

Même si je connais la Bolivie, ses traditions et les conditions de vie, je ressens une deuxième fois le « choc culturel » : tant de câbles d’électricité que l’on ne voit presque plus le ciel ; des femmes avec leurs enfants qui essaient à tout prix, jusque tard dans la journée, à vendre des bonbons, des biscuits ou des mouchoirs ; les écoles sont fermées depuis mars 2020 (jusqu’en décembre 2021), des cours via internet ont eu lieu pour ceux qui ont des smartphones, une bonne connexion internet et assez d’argent pour l’abonnement (donc uniquement pour les élèves de familles aisées) ; je ne vois pas de poussettes, les bébés sont portés et ceci en majorité par les mamans ; je vois de très jeunes mamans et beaucoup d’enfants seuls dans les rues ; et ce qui me fait le plus mal au cœur ce sont les femmes qui dorment dans la rue avec leurs très jeunes enfants derrière leurs quelques légumes qu’elles espèrent vendre.

Le deuxième jour, Marco, Jean-Paul et moi montons en Pick-Up avec deux responsables de l’organisation « Anawin » à Chapisirca qui se trouve à environ 3800 mètres d’altitude. Un paysage très beau, des troupeaux d’alpacas et de vaches et quelques petites maisons. Au centre de Chapisirca se trouve l’école primaire et secondaire, un internat et des petites maisons pour les professeurs (car le trajet jusqu’à Cochabamba dure 3 heures).

Les habitants de la communauté nous montrent comment leur bétail (vaches et moutons) ont pris du poids, ils présentent avec fierté leurs jolis produits d’artisanat de laine (moutons), ils nous font une démonstration de leurs nouvelles machines qui facilitent la production de bonne nourriture pour les vaches et ils nous donnent à goûter de leur fromage et de leurs pommes de terre.

L’après-midi, nous sommes invités à rencontrer les élèves de l’école de Chapisirca. A l’école les enfants et leurs familles sont tous là (même s’il n’y a toujours pas de cours en présentiel) pour nous présenter quelques danses traditionnelles. Bien sûr que nous (devons) danser avec eux, même si nous n’avons presque pas de souffle à cause de l’altitude et des masques.

Pour terminer, nous inaugurons la station de radio qui permet la continuation des cours de l’école et des ateliers sur l’agriculture. Je suis contente de voir que le projet fut un succès grâce à la motivation des habitants, le professionnalisme de Anawin et les donations du Luxembourg.

Pour plus d’informations sur le projet : https://www.niti.lu/nos-projets/en-bolivie/montecillo-chapisirca/ et dans l’info 4/2021 et 2/2020

Le troisième jour, Anawin nous emmène visiter une nouvelle communauté dans laquelle ils ont fait un diagnostic pour analyser la demande, la disposition et les besoins des habitants et de leurs dirigeants. C’est impressionnant de voir comment vivent les familles. Ils ont un petit terrain avec des petites maisonnettes, dans lesquelles vit toute la famille : les grands-parents, les oncles et les tantes, les cousins, … Ils ont beaucoup de peine à subvenir financièrement aux besoins de leurs enfants afin de leur permettre une scolarisation jusqu’en classe terminale.

L’après-midi, nous visitons le projet « Korihuma », une école primaire et secondaire, avec des cours et méthodes alternatives, des ateliers pour les parents et des cours axés sur l’agriculture, la gastronomie, la mécanique, etc. Nous constatons le succès du projet clôturé pour nous en 2020 et nous remarquons la fierté, la joie et la motivation des élèves et des professeurs. Pour plus d’informations sur le projet : https://www.niti.lu/nos-projets/en-bolivie/korihuma/ et dans l’info 4/2021

Nous passons les deux prochains jours avec l’organisation « Fundación Cristo Vive » dans les communautés de Tirani, Andrada et Taquiña Chico. J’ai fait mon volontariat dans les services de la Fundación à Tirani et je remarque une belle évolution de l’équipe. Les femmes sont devenues plus confiantes et plus extroverties. Je suis heureuse de voir comment elles ont gagné en expérience professionnelle, et certaines qui ont été formées «éducatrice» par le projet, sont celles qui maintenant forment elles-mêmes les nouvelles éducatrices. Les femmes sont vraiment heureuses de pouvoir travailler et d’être financièrement autonomes.

Nous visitons les nouveaux centres infantiles, les potagers communautaires et nous rendons visite à quelques familles qui ont reçu un réservoir d’eau. Plus tard, les femmes qui ont obtenu un réservoir ou des semences, nous présentent leurs plus beaux légumes et fleurs. Après leur présentation, elles commencent à faire du commerce entre elles.
Pour plus d’informations sur le projet : https://www.niti.lu/nos-projets/en-bolivie/tirani-3-2/ et dans l’info 3/2019

Après une semaine très intensive, il est l’heure pour moi de retourner au Luxembourg chez ma famille et au travail : 4 vols, 25 heures de trajet et de masque et 6 heures de décalage horaire. Jean-Paul et Marco continuent leur voyage à Potosí pour visiter le nouveau projet avec l’organisation de Contexto.

Encore quelques observations qui m’ont touchée :

  • Lorsqu’on te sert à boire, le verre est toujours bien rempli, même si ce n’est que pour goûter;
  • Quand tu es invité à manger, tu reçois toujours plus que tu ne peux manger ;
  • Tout le monde porte du désinfectant autour du cou et en entrant dans un bâtiment, le paillasson est imprégné de désinfectant et une personne te désinfecte les mains ; le masque est obligatoire à l’extérieur ;
  • Quand il pleut un peu plus, beaucoup de rues sont bloquées, car le système de canalisation n’arrive pas à évacuer une masse plus importante d’eau ;
  • Le papier toilette est jeté dans la poubelle, car la canalisation se boucherait trop vite ;
  • Sur la télé bolivienne, on ne voit que des animatrices très minces avec une belle poitrine et des cheveux blonds ;
  • Dans les zones rurales, les femmes se regroupent naturellement entre femmes et les hommes entre hommes ;
  • Je ne vois pas de couple homosexuel, mais beaucoup de mamans mineures.

Julie Kipgen

Une rentrée scolaire particulière à Tirani en Bolivie

En février, la directrice de la Fundación Cristo Vive Bolivia nous écrit pour partager un moment de fierté et de joie : pour la rentrée scolaire (une vraie rentrée depuis le Covid 19), le Maire de la commune Cercado de Cochabamba a visité les crèches dans les communautés de Tirani. Il aurait choisi de visiter ces projets-là car il les estime particulièrement pour leur conception et leur engagement.

„Cet événement à Tirani a été un moment important car il montre une grande partie de ce qui a été réalisé au cours de ces années dans la communauté. Ce sont les leaders communautaires, les collègues de l‘équipe multidisciplinaire de tous les services et les éducateurs qui se sont battus pendant deux ans pour réaliser cet événement.

En Bolivie, il est très difficile pour une autorité de prendre un moment pour écouter le peuple et cet événement a permis à un groupe important d‘autorités municipales d‘entrer en contact direct avec les habitants et d‘écouter ses besoins (en dehors des périodes de campagne électorale).

Les autorités ressentent l‘affection et la gratitude de la population et ceci permet aux habitants d‘avoir plus tard la force et la confiance de se rendre dans les bureaux pour leur rappeler les engagements exprimés lors de la visite. L‘expression publique de divers engagements sera désormais le moteur qui permettra aux autorités communautaires d‘assurer le suivi et d‘exiger le respect de ces engagements.

A la fin de la visite, le Maire a été amené par nos éducateurs pour rejoindre le groupe et faire une belle photo.

Nous sommes certains que cet événement marquera une relation différente entre nos communautés et les autorités.
C‘est merveilleux d‘être témoin de la croissance des gens.“

MERCI DE FAIRE PARTIE DE CE PROCESSUS !

Mercedes Gutierrez Cuellar, directrice de la „Fundación Cristo Vive Bolivia“
Traduction Julie Kipgen

Le projet „Trabajo Digno“ de l’association Kallpa à Cochabamba

Fin décembre, Martine Greischer, directrice du projet « Trabajo Digno » à Cochabamba nous a rendu attentif à un article paru dans le journal en ligne bolivien GUARDIANA https://guardiana.com.bo/iniciativas/empleo-digno/ sur le travail de son association Kallpa. Voici la traduction en français de cet article :

« Trabajo Digno » (travail décent) peut vous aider à trouver un emploi gratuitement. Trabajo Digno travaille depuis 2011 à Cochabamba dans le cadre de la Fondation Kallpa. Il soutient les personnes qui cherchent à avoir un revenu décent et ceci dans cinq domaines : recherche d’emploi, entreprises prospères, protection du travail, aide juridique et sécurité sociale. Elle a déjà accompagné 4 500 personnes dans ces cinq domaines et en a formé 21 000 en ateliers. Weiterlesen

Notre appel aux dons et aide COVID-19

En réponse à notre appel aux dons dans INFO 2-2020, sur Internet et sur Facebook, nous avons reçu jusqu’au 1er septembre 9 040 € de dons privés et 10 000 € de la part de «Sozialaktioun Réiserbann». Nous avons transféré un total de 34 500 € à nos organisations partenaires en Bolivie, au Chili et au Pérou.

 

Un grand MERCI pour tous les dons spontanés!

 

Voici quelques extraits de la correspondance avec nos partenaires sur la situation respective.

Die deutsche Version dieses Artikels finden Sie in INFO 3-2020.

 

Karoline Mayer / FUNDACIÓN CRISTO VIVE CHILE,
Santiago de Chile 17.08.2020

Aliments de base pour les plus dépourvus

J’ai souvent l’impression d’être de nouveau sous la dictature, je suis très, très triste! Les «malades normaux» ne sont pas traités ou ne sont pas traités à temps et meurent parce que tous les médicaments se concentrent sur Corona. Je fais des funérailles comme jamais auparavant: du coma diabétique, du manque de dialyse, de la pneumonie – pas de Covid-19, des crises cardiaques – car aucun ECG n’a été fait à temps (…) Les médias répandent la peur jour et nuit. En même temps, il y a des flambées répétées de résistance politique. Il y a une bonne semaine, Marla m’a appelé à dix heures et demie pour dire qu’il y avait un «incendie» devant notre centre de santé et d’autres endroits à Recoleta et que les insurgés pourraient attaquer le centre de santé. Je lui ai dit que le veilleur de nuit parlerait aux «insurgés». S’ils ne l’écoutent pas, il doit m’appeler tout de suite, je serai là dans 10 minutes. Ils l’ont écouté (…)

 

Ana María Galiano  / FUNDACIÓN CRISTO VIVE PERÚ,
Cusco, Perou  24.07.2020

Cuisine communautaire

Les prix des denrées alimentaires sont excessivement élevés, tout comme ceux des désinfectants. En pharmacie, les médicaments sont 3 à 10 fois plus chers que la normale.

 

Michaela Weyand / ESCUELA POPULAR DE ARTES,
Viña del Mar, Chili 17.08.2020

Faire la queue pour les repas

Viña del Mar a eu un couvre-feu strict en raison de Corona depuis la mi-juin. Les écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Il y a actuellement 86 enfants et jeunes inscrits à l’EPA. Les parents et les élèves rapportent que le lien avec l’EPA et la possibilité de poursuivre leur éducation musicale sont très importants pour eux dans la situation actuelle (…) Les cours et les discussions ont été mis en ligne dès que possible, ce qui était un grand défi , car bien sûr, toutes les familles ne disposaient pas de l’équipement approprié ni d’accès Internet à la maison. Des webcams, des ordinateurs portables et des cartes prépayées pour l’accès à Internet ont été mis à la disposition des élèves, une hotline technique a été mise en place et des cours de formation ont été organisés. Bon nombre d’instruments ont été prêtés aux élèves afin qu’ils puissent s’exercer à domicile (…)

 

Rodrigo Aramayo Mercado / Asociación ANAWIN,
Cochabamba, Bolivie 18.09.2020

Quant au fonds COVID, nous avons adapté le projet à la production de légumes dans les petits jardins familiaux. À Korihuma, nous devions commencer à planter avec 50 familles la semaine prochaine alors que le froid s’est calmé, mais les organisations sociales opposées au gouvernement de transition ont appelé à une grève générale avec des barrages routiers. Ils ne nous ont pas laissé passer. Nous sommes impatients de reprendre les activités dans les prochains jours. Nous avons acheté des plantes et des matériaux pour les clôtures afin de protéger les parcelles des animaux domestiques en liberté dans la campagne. De nombreuses familles à Korihuma ont été durement touchées par Covid-19 et par la quarantaine et ne pouvaient pas travailler pour générer leurs revenus (…)

 

Mercedes Gutiérrez / FUNDACIÓN CRISTO VIVE BOLIVIA,
Cochabamba, Bolivie 12.08.2020

Projet de soupe populaire

À Tirani, notre personnel a repris son travail dans les institutions. Nous envisageons d’ouvrir prochainement des soupes populaires, qui proposeront également de la nourriture à bas prix, afin que nos enfants aient quelque chose à manger tous les jours. Mais il faut attendre un peu car il y a actuellement trop de personnes infectées (…)

 

Sandra Buholzer / Corporación KAIRÓS,
Santiago de Chile 14.07.2020

Aide d’urgence

12 familles de nos enfants sont infectées, 60 mères ou pères sont sans travail. Nous essayons de les soutenir avec de la nourriture, des vêtements, des couches et du gaz pour le chauffage et la cuisine. Mais ce n’est pas assez (…)

 

Martine Greischer / Fundación KALLPA/Trabajo Digno,
Cochabamba, Bolivie 30.07.2020

 

Bon nombre des personnes dont nous nous occupons dans notre institution vivaient du produit de leur petite échoppe dans les rues du centre. Ils n’ont pas été autorisés à vendre quoi que ce soit pendant 3 mois. Pour survivre, ils ont dû «grignoter» leur fonds de roulement et n’ont plus rien pour recommencer. Grâce au don Covid de Niños de la Tierra, 69 personnes ont pu recevoir un petit capital de démarrage pour leurs ventes de rue. 22 familles dans le besoin ont reçu de la nourriture (…)

 

Diane Catani / TEATROBUS,
Santiago de Chile 14.07.2020

Distributions de repas

Chaque dimanche, 400 portions de déjeuner sont préparées et distribuées à ceux qui en ont besoin par des bénévoles. Le reste de la semaine, ils reçoivent un soutien de l’État, principalement des pâtes et du riz. Nous ajoutons ensuite un panier de fruits, de légumes et de viande (…) Beaucoup d’enfants de la troupe de théâtre ont des problèmes de sommeil et de nutrition et certains souffrent de dépression. Nous utilisons une partie des dons de Niños de la Tierra pour une aide psychologique (…)

 

María Rodríguez / CONTEXTO,
La Paz, Bolivie 21.07.2020

Formation en boulangerie

Notre pays est actuellement politiquement divisé, une partie de la population est pour le gouvernement et l’autre est contre. Et en termes de santé, nous manquons d’hôpitaux pouvant accueillir des patients atteints de COVID19 (…) Pour le moment, 22 familles ici dans le District 12 d’El Alto dépendent de notre aide directe: Des aliments de base comme le riz, le sucre, le thon, le lait, l’huile mais aussi des articles d’hygiène contre Covid 19 tels que du gel alcoolique, des masques et du savon pour les mains sont distribués (…) Nous organisons également des cours de boulangerie: Plusieurs bénévoles sont formés à la production de pains et petits pains. Les produits de boulangerie sont ensuite vendus à un prix raisonnable ou même donnés pour soulager le sort des pauvres.

Spendenaufruf – appel aux dons

Angesichts der alarmierenden und sogar katastrophalen Gesundheitssituation in vielen Städten und Regionen Boliviens, Chiles und Perus und angesichts der sozialen Lage großer Teile der Bevölkerung – kleine Gelegenheitjobs, ungelernte Arbeitskräfte, Straßenhändler – ohne soziale Sicherheit oder ein reguliertes Gesundheitssystem sind viele Menschen nach drei Monaten Ausgangssperre / Quarantäne finanziell am Boden und müssen Tag für Tag kämpfen, um die Grundbedürfnisse ihrer Angehörigen zu gewährleisten.


Aus diesem Grund richten wir diesen Spendenaufruf an Sie, um unseren Partnerverbänden bei der Unterstützung der Bedürftigsten und Schwächsten zu helfen.  


Bitte versehen Sie Ihre Spenden an unser CCPL LU75 1111 0897 7348 0000 mit dem Zusatz: „don covid-19“.

Vielen Dank für Ihr Engagement

 

Vu la situation sanitaire alarmante voir catastrophique (lire les articles précédents) dans maintes villes et régions de Bolivie, du Chili et du Pérou et vu la situation sociale d‘une grande partie de la population – petits emplois d‘occasion, travailleurs non qualifiés, commerce informel – sans sécurité sociale ni système de santé réglementé, beaucoup de gens sont, après trois mois de confinement/quarantaine, financièrement à bout et
doivent lutter au jour le jour afin d‘assurer les besoins élémentaires de leurs proches.

C‘est pourquoi nous vous adressons cet appel aux dons pour accompagner nos associations partenaires à soutenir les plus nécessiteux et les plus vulnérables.

Veuillez munir vos dons à notre CCPL LU75 1111 0897 7348 0000 de la mention „don covid-19“.

Merci pour votre engagement

Mon expérience au sein du projet Trabajo Digno

Je m’appelle Edson Eduardo Silvestre Mamani, et je suis étudiant à l’Institut Technologique Sayarinapaj (Bella Vista-Cochabamba) en 5ème semestre d’éducateur. J’ai intégré l’équipe du projet Trabajo Digno en septembre 2016 en tant que stagiaire, avec une grande envie d’apprendre de nouvelles choses intéressantes. J’ai reçu du soutien et j’ai acquis de nouvelles connaissances. J’ai par exemple rencontré différents types de personnes  que nous avons appuyées: des professionnels, des étudiants, des femmes au foyer, des pères de famille, des personnes en situation de handicap, des mineurs en désavantage social et des migrants venant de la campagne.

Un aspect important lors de la recherche d’un emploi digne est la préparation des participants. J’ai appris à accompagner une personne dans sa recherche, à réaliser une analyse des offres d’emploi et à faire la différence entre des emplois corrects et incorrects. Un emploi dit correct doit assurer la couverture des besoins primaires d’une personne et générer suffisamment d’argent pour vivre dignement.  En Bolivie, beaucoup d’entreprises ne respectent pas les normes établies : De cette façon, une personne doit pouvoir bien analyser les annonces dans les journaux pour déceler les offres d’emploi qui sont correctes et qui correspondent à sa recherche.

Pendant mon stage, je me suis rendu compte que de plus en plus de personnes qui s’adressent au projet pour la recherche d’un emploi comptent sur un revenu « extra », un poste de vente ou un petit commerce familier qui leur permet de correctement vivre.

Un autre domaine qui m’intéresse beaucoup est celui de la justice. Le projet accompagne de manière transparente les participants qui sont en difficulté au sein de leur travail et leur enseigne les lois et leurs droits. Un grand avantage est que les personnes qui n’ont pas les moyens financiers nécessaires peuvent profiter de l’avocat spécialisé en droit du travail. Ce dernier les informe et les oriente de manière généreuse, honnête et gratuite. Ceci est un domaine du projet très intéressant et fortement sollicité.

J’ai accompagné le projet Trabajo Digno jusque fin janvier 2017. C’était pour moi une expérience  très enrichissante, puisque j’ai pu faire la connaissance des participants et de leurs motivations. J’ai été impressionné par la diversité des personnes qui passaient par le projet, qui nous expliquaient leurs expériences de travail, leurs objectifs et qui souvent nous racontaient leur vie.

Traduction de l’espagnol: Julie Kipgen

Edson a appuyé le projet Trabajo Digno de septembre à octobre 2016 en tant que stagiaire, et d’octobre 2016 à janvier 2017 en tant que volontaire. Il accompagnait en premier lieu les personnes dans la recherche d’un travail digne, domaine où il a remplacé de manière efficace notre assistante sociale lors de ses vacances. Aussi, il assistait notre avocat dans les démarches légales et notre psychologue dans l’organisation de workshops sur le bien-être au travail.

Edson a fait preuve d’une grande motivation et d’un dynamisme extraordinaire, et on le félicite pour son excellent travail.

En mémoire du Père Jean Claessen

Nous nous souvenons avec beaucoup d’émotion du Père belge Jean Claesen, décédé le 7 février 2017 à l’âge de 89 ans.
En 1993, Padre Juan a créé la Fondation Nidelbarmi qui vise à apporter un soutien scolaire aux enfants des quartiers miniers de Potosi et des faubourgs d’El Alto. „Etudier en jouant“, telle a été la clef de la démarche du Père Jean et de son équipe.

De 2007 à 2009, avec le soutien de H.E.L.P.1 , nous avons pu l’aider (à travers un projet cofinancé par le Ministère de la Coopération luxembourgeoise), à entretenir six centres d‘appui scolaire à Potosi et cinq à El Alto. A Potosi plus de 900 enfants, adolescents et jeunes adultes de 6 à 20 ans ont ainsi pu profiter de l’appui scolaire proposé par Nidelbarmi, à El Alto on comptait 600 personnes s’efforçant à consolider ce qu’elles avaient appris à l’école.

Le Père Jean a bien des mérites concernant le progrès de l’éducation en Bolivie, l’un des pays les plus pauvres de l’Amérique latine.

Le Père Claessens a été et inhumé à El Alto en Bolivie au milieu de ceux qu’il aimait tant. Qu’il repose en paix !

M.S.

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1 H.E.L.P. asbl. est l’œuvre caritative du Lycée Classique d’Echternach